Exportations vers des fondeurs étrangers vs usine off-shore : même performance ?

coulee_nickelIl y a une question qui soulève l’unanimité concernant le nickel en Nouvelle-Calédonie, une fois n’est pas coutume, les usines locales sont prioritaires.

Tout le débat réside dans la valorisation du minerai qui ne peut pas être traité localement. Il existe actuellement deux options :
– Exporter son minerai dans le cadre d’une co-entreprise détenue à 51% par la Nouvelle Calédonie
– Exporter son minerai vers des fondeurs étrangers dans le cadre d’une action commerciale

Ces deux options nécessitent le même nombre de personnes sur mine pour extraire le minerai (Cf. assimiler le modèle offshore de la SMSP à une délocalisation est un faux débat) pour peu que la mine dispose des débouchés commerciaux suffisant.

En revanche, les revenus associés à ces deux options, eux, diffèrent grandement. Dans un cas, le mineur est rémunéré au prix du minerai (la part mineur), dans l’autre, il dispose d’une participation majoritaire de l’activité métallurgique incluant toutes les avantages financiers associés.

Manipulant à loisirs et à tour de rôle le débat sur les tonnages, la teneur, le cours du nickel ou tant d’autres sujets divertissant, certains s’emploient avec une énergie remarquable à combattre les chiffres et les évidences, et par là-même, travaillent contre les intérêts des calédoniens.

Selon ces analyses pointues, depuis 2015, le prix de vente du minerai brut aurait augmenté du fait de la majoration de la « part mineur » par un bonus adossé au cours du nickel au LME. Ce bonus est d’ailleurs abusivement appelé « prime métallurgique ». La combinaison totale serait donc plus performante que le modèle offshore. Voyons cela.

NMC approvisionne l’usine en Corée au même tarif que celui pratiqué pour l’exportation de minerai calédonien vers des fondeurs étrangers (incluant la fameuse «prime métallurgique »). On peut donc en déduire que, à teneur équivalente, la NMC reçoit le même pris que les mineur qui exportent au Japon.

Pourtant, du fait que la SMSP détient 51% des dividendes générés par la SNNC, les revenus du minerai sont, du point de vue global sans aucune mesure et bien supérieur à la « part mineur », majorée ou non. En effet, la SNNC dispose d’une rente métallurgique plus de dix fois supérieure au prix de vente du minerai brut.

De façon plus schématique, nous pourrions résumer la situation ainsi :
Mineurs vers fondeurs étrangers = part mineur + prime métallurgique
Modèle offshore = part mineur + prime métallurgique + 51% de la rente métallurgique

L’histoire vient illustrer à elle seule cette tendance lourde puisque, depuis le début du 21ème siècle, l’industrie minière tend à intégrer celle de la métallurgie, et ce sans distinction de minerai ou de métal. Cette évolution rejoint un modèle établi dans l’industrie du pétrole où un même acteur prospecte, exploite, raffine et commercialise, pour son plus grand profit évidemment. Pourquoi la Nouvelle Calédonie devrait-elle se priver d’une pareille opportunité, notamment pour envisager l’après nickel.